Lors de la Commission Paritaire Départementale du 24/03/11, le sujet du dépistage tardif des troubles Dys est abordé par le Dr Jean-Louis Mazurie, médecin chef du contrôle médical de la MSA. Une proposition de projet de prévention est faite aux orthophonistes présents. Le dossier est confié à l’organisme de prévention de la Gironde l’AGOPAL (Association Girondine Orthophonie Prévention Action Langage) qui détache 5 orthophonistes pour ce projet : Céline Lehelley, présidente de l’AGOPAL, Christelle BLEYNIE, secrétaire de l’AGOPAL, Claude RIOU, membre du CA de l’AGOPAL, Rémi SAMIER et Sylvie JACQUES, adhérents de l’AGOPAL
Le 3 mai 2011, les 5 orthophonistes de l’AGOPAL rencontrent les représentants de la MSA, du RSI et de la CPAM.
Le 21 juin 2011, les 5 orthophonistes de l’AGOPAL présentent les définitions des dys et les prévalences ramenées à la population de Gironde.
Après avoir effectué une revue de la littérature scientifique concernant la prévalence des troubles spécifiques du développement, nous avons calculé des effectifs théoriques de ces troubles en Aquitaine et en Gironde. En effet, il était essentiel pour estimer l’importance de l’enjeu de santé publique d’avoir un ordre de grandeur concernant l’impact de ces troubles sur les enfants scolarisés en Gironde. Ne disposant pas de données épidémiologiques sur ces troubles en Gironde, le calcul à partir des prévalences issues de la revue scientifique permet d’estimer à 25 000 la population des enfants présentant un trouble spécifique du développement en Gironde.
L’assurance Maladie fait part des résultats de l’étude des soins remboursés en orthophonie en 2010 pour les AMO 10.1, 10.2,12.1, et 14 sur la tranche d’âge 3-16 ans :
15 376 enfants girondins ont bénéficié de soins orthophoniques. La majorité des actes concerne des enfants entre 7 et 10 ans.
Le diagnostic tardif des troubles Dys entraînant des difficultés scolaires et professionnelles, la prise en charge de ces troubles Dys est un enjeu de santé publique.
Le 23 septembre 2011, ce document est présenté à Mme Bustos, Responsable du Service Médical à l’Inspection Académique de la Gironde. Il est finalisé en vue de la présentation à la CPD.
Le rôle des médecins généralistes est pointé et la réflexion s’engage sur les moyens à mettre en œuvre pour les informer.
Depuis le mois de mai, les 5 orthophonistes de l’AGOPAL travaillent beaucoup et dans des délais courts.
Ils contactent les trois associations de parents : APEDYS, DMF et AAD afin de recueillir leurs impressions sur l’état actuel en Gironde.
Il en ressort que :
– le centre référent ne peut répondre à toutes les demandes et pas sur tous les troubles dys.
– les structures d’accueil ne peuvent accueillir tous les enfants ou adolescents qui en auraient besoin.
– la médecine scolaire ne peut voir tous les enfants de Gironde.
– la Sécurité Sociale ne prend pas en charge toutes les rééducations ce qui en limite l’accès à certaines familles.
– la MDPH renâcle à reconnaître les troubles cognitifs et refuse de nombreux dossiers.
– les AVS ne sont pas formés et pas assez nombreux.
-les enseignants manquent de formation sur les Dys et ont de ce fait des difficultés à appliquer les adaptations pédagogiques nécessaires.
-les médecins généralistes et pédiatres manquent eux aussi de formation sur le sujet tout comme les rééducateurs.
Pendant l’été, les 5 orthophonistes de l’AGOPAL élaborent un questionnaire que les orthophonistes de Gironde ont reçu début septembre afin de pouvoir en donner les résultats lors de la réunion du 23 septembre.
La méthodologie a été la suivante :
Questionnaire sur une base déclarative adressée par un formulaire internet (réalisé avec l’outil Google Formulaire) aux orthophonistes de Gironde. Pour s’assurer de la validité des réponses, les coordonnées professionnelles et le n° ADELI ont été demandées. L’analyse statistique a été ensuite effectuée de façon anonyme. Le traitement statistique a été réalisé à l’aide du logiciel Hector 3, développé par A. Dubus.
Seuls des orthophonistes libéraux ont répondu : au 01/01/10, on dénombre 421 orthophonistes libéraux en Gironde.
Taux de réponse : 100/421 soit 23,75%
La cartographie des orthophonistes effectuée à partir des codes postaux des adresses professionnelles montre que les principaux territoires du département sont représentés.
Les résultats établissent que l’ensemble du champ des compétences est couvert par les orthophonistes dans des proportions non-négligeables qui reflètent les évolutions de la pratique professionnelle par rapport aux enjeux épidémiologiques des troubles affectant le langage et la communication.
Pour ce qui concerne les troubles spécifiques du développement :
Plus de 90% des orthophonistes déclarent rencontrer fréquemment des troubles du langage oral et écrit. Plus d’un tiers des orthophonistes déclarent rencontrer fréquemment des troubles du raisonnement logico-mathématique.
Plus de 97% des orthophonistes déclarent rencontrer fréquemment des Dyslexies et des Dysorthographies. Plus de 40% déclarent rencontrer fréquemment des TDA/H. Environ un tiers déclarent recueillir fréquemment des Dysphasies et des Dyscalculies. Entre 10% et 20% des orthophonistes déclarent rencontrer fréquemment des Dyspraxies et des Dysgraphies.
Si les chiffres sur les Dyslexies Dysorthographies ne sont pas surprenants, les proportions sur les autres troubles moins fréquents sont également importantes.
Ces résultats sont cohérents avec les domaines fréquemment rencontrés par les orthophonistes. Il est à noter que le pourcentage d’orthophonistes rencontrant fréquemment des enfants de 0 à 3 ans de 8 à 10% est très positif sur le développement de l’intervention très précoce de l’orthophonie, mais cela ne concerne pas les troubles spécifiques du développement, plutôt des troubles liés à l’oralité, la déglutition, l’audition et aux interactions précoces.
Tous les dispositifs d’accès aux informations sont utilisés par les orthophonistes pour maintenir leurs connaissances à jour. Les chiffres sur la formation continue sont positifs, et peuvent servir d’arguments pour les négociations à venir sur la mise en place du Développement Personnel Continu qui va remplacer à terme le dispositif de FCC.
Le nombre de formations continues est fortement corrélé avec la durée de l’exercice professionnel.
Cela peut paraître trivial, mais cela signifie également que même les orthophonistes ayant de l’ancienneté continuent de se former sur ces troubles et se tiennent donc informés des évolutions théoriques et cliniques.
Ces résultats sont cohérents par rapport aux troubles spécifiques du développement fréquemment rencontrés : liens forts entre les variables des différents troubles fréquemment rencontrés et les variables des thèmes de formation continue.
Ces chiffres indiquent que les orthophonistes se forment à plus de 80% sur le cœur de métier, à savoir l’évaluation et la rééducation. Les résultats sur le dépistage (30%), sur l’approche pluri-disciplinaire (environ un cinquième) et sur les adaptations pédagogiques (un peu moins d’un cinquième) indiquent que ces domaines sont également bien suivis par les orthophonistes.
Pour finir, 15% des orthophonistes ont suivi des formations sur la prévention. Ce chiffre est également conséquent. Outre les initiatives individuelles, ce chiffre reflète également le dynamisme d’acteurs tels que l’AGOPAL et le Réseau Santé Langage.
78 orthophonistes se déclarent disponibles en 2012 pour assister à la formation pour acquérir les outils afin de former aux enseignants et aux professionnels de santé.
61 orthophonistes se déclarent disponibles pour animer une ou des formations auprès des enseignants et des professionnels de santé.
La profession est donc prête en Gironde pour s’investir majoritairement dans la mise en œuvre de cette action.
Les 5 orthophonistes de l’AGOPAL proposent de mettre en place une formation qui serait dispensée aux orthophonistes volontaires recensés lors du questionnaire afin qu’ils puissent former les enseignants sur les secteurs de Langon, Castelnau du Médoc et de la Rive droite. Ces trois secteurs ont été choisis par la MSA pour leur ruralité et la présence d’un médecin scolaire investi auprès des Dys.
Un plan de formation provisoire est élaboré par les orthophonistes.
L’action est chiffrée car il ne s’agit pas pour les orthophonistes volontaires de travailler bénévolement sur ce projet.
Une réunion plénière a lieu le 24 novembre 2011 afin de présenter le projet au Dr GUERIN, présidente de l’URPS Médecins Libéraux d’Aquitaine ainsi qu’à Aude COSSARD et au Dr GARDANES du Réseau Santé Langage.
Deux branches de travail sont créées : une pour les enseignants, une autre pour les médecins. Les orthophonistes participent aux deux.
Le 17 janvier 2012, les 5 orthophonistes de l’AGOPAL sont présents lors d’une réunion de travail de la branche des médecins. Les modalités nécessaires à l’implication des médecins sont abordées avant discussion lors de la prochaine réunion plénière.
La MSA a obtenu un financement de 3200€ pour la rémunération du travail déjà effectué et à venir des orthophonistes et des frais entraînés notamment par l’envoi du courrier envoyé au sujet du questionnaire.
Pour la branche professionnels de santé conventionnés, la distribution d’un mémo permettant le repérage et l’orientation par les médecins généralistes est en projet. Ce mémo serait distribué par les délégués de l’assurance maladie (DAM) lors de leur visite dans trois secteurs déterminés : Bègles, Castelnau-Saint Médard, Le Blayais. Une étude est en cours pour pouvoir s’inscrire dans le cadre de la formation médicale continue par le biais des associations de médecins.
Pour la branche Education Nationale, une réunion va se tenir entre le rectorat, l’ARS, l’URPS, l’assurance maladie et les responsables chargés de l’illettrisme et le pôle médical de l’inspection académique.