Par le Dr Olivier Colin (CHU Poitiers)
Article commenté : Cognitive disorders in Parkinson’s disease: Confirmation of a spectrum of severity.
Dujardin K, Moonen AJ, Behal H et al.
Parkinsonism Relat Disord. 2015 ; 21(11):1299-305
Les troubles cognitifs et la démence sont une problématique importante dans la prise en charge des patients parkinsoniens. Cependant, notre niveau de compréhension du degré de sévérité de ces troubles cognitifs reste actuellement limité, leur présentation clinique et leur progression étant par ailleurs très hétérogènes.
L’objectif des auteurs était de confirmer prospectivement les résultats d’une analyse exploratoire rétrospective qui a identifié 5 phénotypes cognitifs différents dans la maladie de Parkinson.
Une analyse de cluster a été réalisée suite aux résultats d’une large gamme de tests neuropsychologiques administrés à 156 patients parkinsoniens de deux centres européens spécialisés dans la maladie de Parkinson. Le modèle à cinq clusters a été statistiquement supérieur aux autres et considéré comme le plus pertinent cliniquement.
Les groupes sont donc décrits comme suit :
1) les patients cognitivement intacts avec un haut niveau de performance dans tous les domaines cognitifs (25,64%) ;
2) les patients cognitivement intacts légèrement plus lents que ceux du groupe 1 (26,92%) ;
3) les patients atteints de déficits des fonctions exécutives (37,18%) ;
4) les patients souffrant de graves déficits dans tous les domaines cognitifs, en particulier des fonctions exécutives (3,20%) ;
5) les patients souffrant de graves déficits dans tous les domaines cognitifs, et particulièrement dans la mémoire de travail et la mémoire épisodique verbale (7,05%).
Ces groupes de patients parkinsoniens ne diffèrent pas significativement quant à la durée d’évolution de la maladie. Ils différaient par contre en termes d’âge, d’apathie et sur la fréquence des hallucinations qui étaient des paramètres plus élevés dans les clusters présentant des déficits cognitifs, corrélés à un niveau éducationnel plus faible.
De manière intéressante, la fréquence du trouble du comportement en sommeil paradoxal ne différait pas entre les groupes.
Comme on pouvait s’y attendre, dans les groupes les plus gravement atteints, en plus des déficits frontostriataux témoignant de la maladie de Parkinson, des déficits des fonctions corticales postérieures et de la mémoire de travail et épisodique ont été trouvés, vraisemblablement en lien avec une comorbidité type maladie d’Alzheimer.
Il reste beaucoup à apprendre sur les troubles cognitifs dans la maladie de Parkinson, mais ces données apportent, en identifiant des patterns de sévérité différents, une contribution essentielle pour la compréhension ultérieure des mécanismes les sous-tendant.
Date de publication : 29 Janvier 2016
Source : http://www.neuroscoop.net