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Les troubles des fonctions cognitives et de la communication dans les pathologies dégénératives

L’intervention orthophonique dans les pathologies dégénératives peut apparaître surprenante si l’on considère qu’une thérapie rééducative ne peut sans doute pas améliorer l’état d’un patient qui se dégrade de façon irréversible. Par contre, si l’on considère qu’une intervention thérapeutique de ce type peut ralentir la dégradation, apporter un confort de vie au malade et à son entourage, elle devient capitale.

Cette prise en charge peut se concevoir dans des pathologies qui vont entraîner des atteintes périphériques des organes phonateurs, du souffle, de la sphère oro-faciale comme la sclérose latérale amyotrophique ou la maladie de Parkinson. Elle peut aussi s’envisager dans les syndromes démentiels, en particulier dans la démence de type Alzheimer. Le rôle de l’orthophoniste sera alors double puisqu’il pourra participer au diagnostic en réalisant un évaluation quantitative et qualitative des fonctions cognitives et qu’il pourra proposer une thérapie. L’approche thérapeutique peut être de type cognitif, en particulier au stade initial de la maladie, en intervenant au niveau des systèmes qui sous- tendent les symptômes, surtout mnésiques et langagiers. Nous privilégions personnellement une approche cognitivo-comportementale ou écosystémique des troubles de la communication, en particulier lorsque l’atteinte devient plus importante. Il s’agit d’intervenir sur des facteurs « distaux » ou « indirects » (situation de communication, thèmes de discussion, comportement communicationnel de l’interlocuteur,…) qui ont une influence sur l’évolution de la maladie et qui sont réceptifs à ce type de thérapie plutôt que sur les facteurs « proximaux » ou « directs » (atteinte neurologique) effectivement peu sensibles à cette intervention.

Après une évaluation précise, rigoureuse et écologique (en situation d’interlocution) des capacités résiduelles de communication du malade, la thérapie sera orientée vers le malade et vers l’entourage. Les séances avec le malade auront pour objectifs de stimuler les actes de langage encore à sa compétence pour qu’il puisse continuer à les utiliser le plus longtemps possible. Lors d’autres séances, l’orthophoniste expliquera à l’entourage comment modifier son propre comportement de communication pour l’adapter aux difficultés spécifiques du malade afin qu’une communication, même différente, même imparfaite, même non verbale, perdure le plus longtemps possible. Il s ‘agit de modifier le système dans lequel évolue le malade, en particulier le micro-système familial, pour atténuer tant que faire se peut les facteurs perturbateurs et augmenter les facteurs facilitateurs en particulier au niveau de la communication.

Une telle approche permet de faire en sorte que le malade soit toujours reconnu, à ses yeux et aux yeux de son entourage, comme individu communicant et donc tout simplement comme individu. Cela évitera qu’il se laisse glisser et que d’autres facteurs d’ordre psychologique ne se surajoutent aux troubles neurologiques. Cela évitera aussi le rejet de l’entourage qui se sent démuni et inutile, ce qui, du même coup, retardera l’institutionnalisation. Une intervention de ce type est par ailleurs possible au sein d’une institution pour faciliter et maintenir l’intégration du malade dément, l’entourage référent du thérapeute sera alors constitué par les soignants.

Extrait de : ? Rousseau, T. (2002). Quand et pourquoi faire une rééducation orthophonique chez

l’adulte. Pratiques Médicales et thérapeutiques, 22, 8-10.

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